GOV’T MULE: Bring On the Music-Liva at the Capitol Theatre Part 1 (2019)
Gov’t Mule fait partie de ces rares groupes qui proposent à leurs fans la totalité de leurs concerts en téléchargement, via mule.tracks, et permet également aux spectateurs d’enregistrer dans de bonnes conditions leurs performances. Il est donc relativement facile de suivre la carrière live du groupe à travers les nombreux shows donnés dans le monde entier. Aussi, les albums live de la discographie officielle, sont surtout axés sur des projets particuliers comme ScoMule, ou la musique de Pink Floyd, mais ne documentent pas vraiment un concert lambda du groupe.
Encore que chaque show soit une expérience différente, Warren apportant un soin méticuleux aux set–listes afin de restituer une ambiance. Ici pas de set-liste identique chaque soir de la tournée, mais une volonté de faire découvrir divers aspects de la musique du groupe, avec toujours en point d’orgue la fabuleuse qualité musicale.
On ne compte plus depuis 1994, le nombre de concerts, et les tournées, même si quelques endroits sont devenus incontournables et légendaires, le Beacon à New York, le Fox à Atlanta, Red Rocks à côté de Denver, Saeger Theatre à New-Orleans et aussi le Capitol Theatre à Port Chester, une salle de 1 800 places situé dans l’état de New York où sont enregistrés les concerts les 27 et 28 avril 2018. Je vous fais grâce des diverses et nombreuses versions CD, DVD, LP proposés pour évoquer la Part 1 audio. « Traveling Tune » ouvre et clôture le concert. Cette chanson, extraite du dernier album, est à l’évidence une grande « signature-song » du groupe, avec les paroles qui reflètent simplement leur histoire et l’envie de jouer « Just another highway song / Just another traveling tune / They say sing about what you know / Well hello, people it's been a long time / So good to see you, how you feelin'? / It's good to be together even for a short while / Nothin' like a little rockin' and roll / So many familiar faces scattered in with the news / We got to keep spreadin' the word / You keep on comin', we'll keep on comin' back / Even when the lines are gettin' blurred » « Juste une autre chanson d'autoroute / Juste un autre air de voyage /
Ils disent de chanter ce que tu sais / Bonjour bonjour les gens ça fait longtemps / Si heureux de vous voir, comment vous sentez-vous? / C'est bien d'être ensemble même pour un court moment / Rien que pour un petit rockin' and roll / Tant de visages familiers éparpillés dans l'actualité / Nous devons continuer à faire passer le mot / Vous continuez à venir, nous continuerons à revenir / Même quand les lignes deviennent floues » Sacrée entrée en matière pour la Mule qui ensuite mélange les morceaux anciens, historiques et ceux des deux derniers albums fortement présents, alors que les reprises sont assez peu représentées :« Come Back » de Pearl Jam et des citations de « Message of the Bottle » de Police. Le groupe déroule ensuite avec des morceaux expérimentaux, des rythmes reggae, funky (« Mule »), hendrixien (« Mr Man »), le long blues « Dark Was the Night, Cold Was the Ground » complètement revisité, un « Railroad Boy » de folie et les solos fulgurants de Warren dans "Drawn That Way Way" et "Funny Little Tragedy". La magie continue avec des versions dantesques de « Life Before Insanity », « Revolution Come, Revolution Go », « No Need To Suffer » « Time To Confess ». Et le sentiment que Dannys Louis, l’homme à l’éternel bonnet derrière ses claviers, est plus présent, encore mieux intégré au groupe et au duo formé par Warren et Matt. La comparaison avec Hendrix/Mitchell est évidente tant les deux compères sont toujours en phase et complémentaires. Je conserve toujours une petite réticence sur l’apport de Jorgen Carlsson qui, malgré le temps écoulé, ne parvient pas à faire oublier le jeu souple et aérien d’Allen Woody et dont la basse peut devenir assez envahissante avec ses effets spéciaux pas toujours correctement maîtrisés.
Mais Gov’t Mule est en priorité le groupe d’un guitariste exceptionnel, surdoué, au sommet de son art, avec un jeu de slide époustouflant, des chorus merveilleux, une voix superbe. Warren Haynes est un pur génie, sa musique est au zénith, bénéficiant de toutes ses rencontres, de toute sa curiosité, de son écoute des autres groupes, au carrefour d’influences multiples semblant parfois contradictoires, mais qui pourtant forment une œuvre cohérente. « Just another highway song / Just another traveling tune / They say sing about what you know »…
Merci pour tout ce bonheur du fond du cœur.
Michel Bertelle